Mort d'Ilyes : une tragique erreur de flacon
Le flacon de Chlorure de magnésium, qui aurait provoqué la mort du petit Ilyès, lors d'une perfusion à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris, XIVe) n'était pas à sa place, a indiqué une source proche du dossier ajoutant que ce flacon n'aurait jamais du se trouver là. Selon cette source, les deux flacons étaient extrêmement ressemblant avec un même bouchon et une même étiquette bleus même si les inscriptions, B46 pour l'un, et Chlorure de magnésium pour l'autre, étaient dissemblables.
L'infirmière a reconnu avoir administré par erreur à l'enfant une perfusion de Chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à le réhydrater. Cette méprise pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque de l'enfant qui avait été hospitalisé pour une angine.
L'infirmière, âgée de 35 ans, a été mise en examen vendredi pour «homicide involontaire» et placée sous contrôle judiciaire. Elle a été déférée dans l'après-midi au pôle santé publique du tribunal de Paris où la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy a retenu contre elle «une simple négligence, imprudence ou inattention".
La mesure de contrôle judiciaire qui la vise comporte notamment une interdiction provisoire d'exercer. Cette décision intervient sur fond de polémique autour des circonstances du drame. La direction de l'assistance publique des hôpitaux de Paris a fermement démenti ce vendredi tout retard dans la réaction des personnels médicaux. «Aussitôt que la dégradation de l'état de santé de l'enfant a été constatée, les équipes de réanimation ont été alertées. Elles sont intervenues immédiatement et ont mis en oeuvre tous les traitements et manoeuvres nécessaires à la prise en charge de l'enfant», a déclaré l'AP-HP.
La famille veut porter plainte
La famille de l'enfant a annoncé ce soir qu'elle entendait porter plainte dans les prochains jours. «On compte porter plainte», affirme Hissam, un oncle du petit Ilyès. Interrogé sur l'information judiciaire pour «homicide involontaire» ouverte dans la journée à l'encontre d'une infirmière, qui a reconnu avoir administré par erreur à l'enfant une perfusion de chlorure de magnésium au lieu de sérum glucosé destiné à le réhydrater, Hissam a dit que la famille «n'était pas satisfaite». Dès le lendemain du drame, le père d'Ilyes avait mis en cause l'hôpital. «Une erreur ! Moi j'ai perdu mon bébé, il est mort dans mes bras !» se révoltait hier, Ihmad, 35 ans, papa du petit Ilyes, qui reproche à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite. «Il n'y avait personne, je suis sorti dans le couloir et j'ai dit aidez-moi (...) J'ai fait le tour, il n'y avait pas un seul infirmier. Quand les infirmiers sont arrivés, ils m'ont dit : Arrêtez de vous affoler Monsieur, votre fils n'a rien. Ils m'ont affirmé qu'il avait des somnolences. J'ai vu que mon fils était en train de mourir... C'est moi qui lui faisait des réanimations» avant que le personnel hospitalier n'intervienne, assure Ihmad dans une interview au Parisien.fr.
Pour l'AP-HP, l'encadrement était adapté
L'AP-HP a également affirmé que «l'encadrement médical et paramédical du service de pédiatrie générale (où était hospitalisé l'enfant, NDLR) était parfaitement adapté l'après-midi du 24 décembre». L'annonce de la mort du petit garçon a immédiatement suscité des réactions de plusieurs syndicats dénonçant le manque de moyen à l'hôpital. Le président du syndicat d'urgentistes Amuf, Patrick Pelloux a ainsi réclamé jeudi la démission de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.
Bachelot dénonce la «récupération d'un drame»
La réaction de la ministre ne s'est pas fait attendre. «La récupération d'un drame aussi épouvantable n'est pas de mise, et vraiment une récupération de ce type n'est pas digne», a insisté Roselyne Bachelot ce matin sur Europe 1. La ministre a souligné que le petit garçon décédé à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris (XIVe) n'était pas aux urgences, mais «dans un service de pédiatrie générale, où il y a avait 7 personnels hospitaliers pour 12 personnes hospitalisées». Dans l'unité où il était hospitalisé, il y avait «2 personnes -une infirmière, une aide-soignante- pour 5 petits malades», a-t-elle ajouté.
Peu après, sur RTL, répondant à une question sur ses déclarations de jeudi selon lesquelles la garde à vue de l'infirmière était «normale», elle a déclaré: «une famille a perdu le jour de Noël un petit garçon de trois ans, donc cette enquête judiciaire (...) on la doit à la famille de ce petit bonhomme».