Un adolescent de 16 ans, détenu au quartier des mineurs de la maison d'arrêt de Metz-Queuleu, s'est pendu dans sa cellule durant la nuit de lundi à mardi. Une enquête administrative a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du drame. Condamné à six mois ferme pour trafic de stupéfiants et conduite sans permis, le jeune prisonnier "n'avait pas été signalé comme dépressif ou suicidaire", selon Carlo Di Egidio, secrétaire régional de la CGT-pénitentiaire. Mais Pierre Achour, de l'antenne messine de l'Observatoire international des prisons, estime "ne pas être certain que ce jeune ait été entouré, lors de son incarcération, de la vigilance nécessaire".
Présentée comme un établissement "modèle" par Rachida Dati, considérée comme un "site pilote" en France pour l'application des nouvelles règles pénitentiaires européennes, la maison d'arrêt de Metz-Queuleu enregistre ainsi son quatrième suicide en cinq mois. Le 3 juillet, un détenu de 46 ans qui venait d'apprendre le rejet de sa demande de remise en liberté s'était également pendu alors que, conformément à de récentes instructions ministérielles, il faisait l'objet d'une surveillance renforcée. "Ce père de famille, qui venait d'être traité aux antidépresseurs au centre hospitalier spécialisé de Jury-lès-Metz, n'a fait l'objet d'aucun suivi particulier, alors même qu'il était en grande détresse psychologique", affirme pourtant l'avocat de la famille, Me Xavier Iochum.
Trois tentatives de suicide ces dix derniers jours
Un mois auparavant, le 2 juin, un prisonnier de 27 ans s'était donné la mort alors qu'il était en traitement au service médico-psychologique (SMPR), où sont accueillis les détenus les plus fragiles. Condamné en 2006 à 19 ans de réclusion pour une tentative de meurtre, ce détenu "signalé" attendait d'être rejugé par une cour d'assises d'appel. "L'information judiciaire en cours semble démontrer qu'il n'avait pas fait l'objet d'une surveillance particulière", déclare l'avocat de la famille, Me Thomas Hellenbrand. Et le 21 mai, toujours au SMPR, un jeune homme de 20 ans, qui purgeait une peine de deux ans, s'était pendu avec ses lacets.
Trois tentatives de suicide ont en outre été enregistrées à Metz-Queuleu ces dix derniers jours. "Dans les trois cas, il s'est agi de mineurs qui ont tenté de se pendre mais que les surveillants ont réussi à décrocher à temps", indique Jean-François Krill, délégué de l'Union fédérale autonome pénitentiaire. Pour lui, comme pour son collègue Di Egidio, "il manque une vingtaine d'agents à Metz pour assurer efficacement les nouvelles missions données à l'administration pénitentiaire, et notamment les surveillances renforcées". Quelque 220 surveillants sont actuellement en service à Queuleu, où sont écroués 480 hommes et 27 femmes pour 448 places théoriques.