Botulisme. Deux Bretonnes dans un état grave
Une mère et sa fille sont toujours hospitalisées, à Rennes et Saint-Malo, dans un état jugé « très préoccupant », après avoir mangé un plat préparé périmé. Elles présentent les symptômes du botulisme.
Dans la nuit de samedi à dimanche, deux femmes , une mère et sa fille enceinte, âgée de 27 ans, victimes d’une grave intoxication alimentaire, ont été hospitalisées à Saint-Malo et à Rennes. Leur état serait lié à la consommation d ’ enchilladas au poulet de marque Companero, un produit frais fabriqué par le numéro un de la volaille en France, le groupe LDC (*) et commercialisé dans la grande distribution.
Périmé depuis 48 heures
Selon les directions générales de l’Alimentation et de la Santé, le plat préparé consommé par les deux femmes présente « une très forte toxicité liée à la présence de toxine botulique ». Selon le ministère de la Santé, elles pourraient donc souffrir de botulisme. « On en a pratiquement la certitude, après les examens biologiques sur les malades et les aliments suspectés », a indiqué, hier, le médecin inspecteur de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) d’Ille-et-Vilaine, Michel Marquis. Interrogé sur les risques pour le bébé,
il a jugé qu’il n’y avait « pas de danger avéré car la toxine ne passe pas la barrière placentaire ». La date limite de consommation du produit , mangé par ces deux femmes dans la journée de samedi, était dépassée, a précisé , hier, la direction générale de l ’ Alimentation. Mais, selon M. Marquis, « il ne faut pas s’arc-bouter sur cette date. Si le produit n’a pas été conservé au frais, on est malade même avant la date de péremption ». Or, « il y a probablement eu un problème de conservation », a-t-il indiqué. Et de préciser que celui-ci avait pu survenir chez le consommateur, le distributeur, le producteur, et même en amont chez un fournisseur, avant la fabrication. « L’enquête est globale », a-t-il souligné. Selon LDC, le lot d ’ enchilladas au poulet incrim in é, qui porte le numéro 08/190 et a été élaboré sur le site d ’ Herbignac ( 44 ), « avait une date limite de consommation au 7 août » .
À ne pas consommer
Ce produit est composé de trois ingrédients : une galette, un sachet avec du fromage et un sachet contenant la préparation avec du poulet. Il est présenté dans un emballage carton et peut être chauffé au micro-ondes. I l est demandé aux personnes qui en ont chez elles de « ne pas les consommer ou de les rapporter à leur point de vente » , a précisé la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Même recommandation du côté de la société LDC.
Analyses en cours et rappel du produit
Interrogé sur le fait de savoir si d ’ autres lots allaient être retirés, le responsable du ministère de la Santé a indiqué : « N ous allons examiner toute la chaîne de production » . Le communiqué des autorités sanitaires , publié mardi , précisait que les résultats des analyses seraient connus « dans 48 heures » . La marque Companero du groupe LDC a , pour sa part , indiqué hier qu ’ elle avait « déjà lancé des analyses complémentaires » aux tests officiels , et qu’elle procédait au rappel et au retrait immédiat des enchilladas au poulet ainsi que des fajitas au poulet. * Le groupe Lambert-Dodart-Chancereul est basé dans la Sarthe .
Une vingtaine de cas de botulisme par an en France
Le botulisme est une maladie rare qui peut être mortelle. Elle concerne une vingtaine de personnes par an en France , mais aucun cas mortel n ’ a été signalé depuis dix ans. Elle ne se transmet pas d ’ homme à homme. Elle est due , le plus souvent , à l ’ ingestion d ’ une toxine produite par une bactérie , C losridium botulinum , qui se développe en l ’ absence de stérilisation préalable ou en raison d ’ une mauvaise conservation à température ambiante, par exemple . Entre 2003 et fin 2006, le botulisme humain a touché 96 personnes en France, dont 61 ont dû être hospitalisé e s, sans provoquer de décès, selon un bilan établi par l ’ Institut Pasteur et l ’ Institut de veille sanitaire (InVS) et publié en juillet 2007 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Les premiers symptômes du botulisme sont une sensation de faiblesse et des vertiges, suivis de troubles visuels et de l ’ élocution, selon l ’ Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils apparaissent , en général , de 12 à 36 heures après l ’ ingestion. La maladie est mortelle dans 5 à 10 % des cas, notamment si le traitement n ’ est pas immédiat.