Il avait écopé de 5 ans de prison dont 30 mois avec sursis en première instance en février dernier. C'est lui qui avait fait appel. Mal lui en a pris : les juges en appel ont doublé sa peine. Le producteur de musique Jean-Michel Tengang-Bogogam a été condamné jeudi par la cour d'appel de Paris à 6 ans ferme pour avoir manipulé et agressé sexuellement plusieurs aspirantes chanteuses, dont Tatiana, la finaliste de Secret Story sur TF1. Les juges lui ont aussi interdit d'enseigner dans le domaine du spectacle durant 5 ans, tout comme en première instance. Son nom sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu ce quinquagénaire d'origine camerounaise coupable d'"abus de faiblesse", d'"agressions sexuelles" et de "menaces de mort" sur quatre de ses anciennes élèves.
Du chant aux attouchements
Après avoir porté plainte, Tatiana ne s'était pas présentée à l'audience de première instance et s'était finalement désistée de son action. Son absence n'avait toutefois pas empêché les magistrats d'évoquer sa situation, au même titre que celle des trois autres victimes.
Créateur de l'école Noise of Rose à Rouen, Jean-Michel Tengang-Bogogam y attirait des jeunes filles afin, promettait-il, d'en faire "les meilleures chanteuses du monde". Il se disait l'inventeur d'un nouveau concept, le "jazz sexy". Le problème, avait dénoncé en première instance l'avocate de deux victimes, c'est qu'il est passé "du chant aux photos, des photos habillées aux photos nues, puis aux vidéos et aux attouchements sexuels".
"Devenez Tatiana"
Selon un rapport d'expertise versé à l'instruction, "les méthodes sectaires ont toutes été employées dans le cadre de cette école" : coupure du milieu familial, thématique sexuelle pour former les élèves, menaces de mort, mise à disponibilité complète de leur vie à leur "gourou".
Devant le tribunal, l'avocat du prévenu avait plaidé que ces jeunes femmes avaient été victimes non pas de son client, mais "de la société française" qui ne donne plus qu'une ambition aux jeunes filles : "devenez une star, devenez Tatiana". Selon lui, ce message les avait préparées à "adhérer aux principes d'un homme qui leur promettait d'être star". Les avocats des deux parties n'étaient pas immédiatement joignables pour une réaction.