Drame de Carcassonne: mise en examen du tireur, démission du chef de l'armée de terre
Il y a 13 heures
MONTPELLIER (AFP) — Le sergent du 3e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa), qui avait blessé dix-sept personnes en tirant à balles réelles au fusil d'assaut sur le public dimanche à Carcassonne, a été mis en examen mardi pour "blessures involontaires" après deux jours d'une enquête qui ont permis d'éclaircir certains aspects de la fusillade.
Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Bruno Cuche, a quant à lui payé au prix fort cette bavure sanglante, par sa démission, annoncée laconiquement mardi par l'Elysée.
L'auteur des tirs, un sous-officier de 28 ans, dont l'identité n'a pas été révélée a été suspendu de ses fonctions mardi.
Il lui est reproché d'avoir provoqué, lors d'une démonstration dans l'enceinte du 3e Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine des "blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de plus de trois mois", a indiqué son avocat, Jean-Robert Phung.
Une circonstance aggravante a été retenue à son encontre pour "non-respect des règles de sécurité", en l'occurence l'usage de balles réelles lors de la démonstration. "Une négligence qu'il reconnaît et qu'il assume", a souligné Me Phung.
Le sergent, qui a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, encourt trois ans d'emprisonnement, a ajouté Me Phung.
Ces balles réelles avaient été gardées "délibérément" par le sous-officier à l'issue d'une séance de tirs organisée plus tôt dans le mois sans que l'on sache dans quel but, a révélé le procureur de la République de Montpellier, Brice Robin.
Pourtant, "l'obligation militaire impose, lorsqu'on a une séance de tirs comme celle que le sergent a eue vers le 20 ou 21 juin, que l'on restitue les munitions qui n'ont pas été utilisées", a précisé M. Robin.
Le sergent "estime qu'il a oublié de les restituer", affirmant que "c'est la première fois que cela lui arrivait", a noté le procureur, pour lequel le drame relève d'une "erreur humaine".
Selon l'enquête, le jour de la fusillade, alors que l'on en était à la sixième démonstration des journées portes ouvertes à la caserne, le sergent, qui avait en sa possession plusieurs chargeurs, en a complété un avec des balles à blanc, alors que les balles réelles qu'il avait gardées se trouvaient déjà dedans.
Selon le procureur, le chargeur contenait quinze à vingt balles réelles.
Quand le sergent "a tiré, il a d'abord tiré des balles à blanc, puis les balles réelles", en direction d'un terroriste fictif surgi au milieu de la foule.
La justice s'interroge sur ce scénario qui ne lui "paraît pas normal" puisqu'il a été mis en place au mépris de toute règle de sécurité, a fait remarquer M. Robin. En tout état de cause, "on est certain que lors des trois dernières représentations, la situation était identique", a assuré le procureur, qui dispose de films, dont un tourné "en temps réel" par un militaire, pour l'enquête.
La hiérarchie du régiment devrait être entendue dans le cadre de l'enquête, au même titre que les victimes et les témoins de la fusillade, "de façon à ce qu'on arrive à cerner les responsabilités de chacun", a dit le procureur.
"Il appartiendra au juge de définir les charges qui pèsent sur tel ou tel membre de l'institution", a souligné M. Robin.
Pour l'heure, le sergent, seule personne mise en examen dans cette affaire, est astreint à résider à Carcassonne.
Il se sent "soulagé" depuis qu'il a appris "qu'aucun pronostic vital n'est engagé concernant les victimes", a déclaré Me Phung. "C'était sa grosse préoccupation. Il a été d'une dignité parfaite en disant: +J'assumerai ce que j'ai à assumer. J'ai fait une faute professionnelle énorme+".
Dans un communiqué mardi soir, le général Bruno Cuche a affirmé que sa décision de démissionner était "exclusivement liée" à l'affaire de Carcassonne. Le chef d'état-major de l'armée de terre devait quitter ses fonctions cet été et devenir gouverneur des Invalides.
La démission du général Cuche a été annoncée alors que le ministre de la Défense Hervé Morin lui avait demandé le matin même de prononcer à "titre conservatoire" des "sanctions immédiates" dans l'affaire de Carcassonne, "sans attendre les conclusions des enquêtes judiciaire et de commandement".
Source: AFP