- Le Sud-Ouest ravagé
Les vents ont atteint plus de 180 km/h et ce n'est encore pas fini. La prudence est encore recommandée dans un large quart sud-ouest de la France où un département était encore placé samedi soir en alerte rouge aux vents violents (la plus élevée) : les Pyrénées-orientales. Elle pourrait être levée à minuit.
La plupart des départements du quart sud-ouest de la France restent maintenus vigilance orange avec des risques d'inondations ou de crues, ainsi que quatre départements du Massif central menacés par des chutes de neige importantes et des risques de verglas. De vendredi soir à samedi après-midi, ce sont 9 départements qui avaient été placés en rouge.
Quatre morts, pas de courant, pas de téléphone
Dans le Sud-Ouest, des rafales de vent ont été enregistrées à 184 km/h à Perpignan à la mi-journée, un peu plus tôt à 172 km/h à Biscarosse, dans les Landes, autant au Cap-Ferret, sur le bassin d'Arcachon, 161 km/h à Bordeaux. Ces intempéries ont fait trois morts dans les Landes et un mort en Gironde : un homme a été retrouvé sans vie dans le nord du département, un autre âgé de 78 ans a été percuté par un débris volant dans son jardin et un troisième a été victime de la chute d'un arbre sur sa voiture entre Bougues et Mazerolles. Son passager a été grièvement blessé. Une femme de 73 ans qui était sous assistance respiratoire est décédée samedi à son domicile en Gironde, à la suite d'une coupure de courant provoquée par la violente tempête. Dans le Gers, un pompier a été grièvement blessé également par la chute d'un arbre lors d'une intervention de secours mais ses jours ne seraient pas en danger. Un autre pompier a été gravement atteint aux jambes dans l'Aude, où six autres personnes ont été blessées. Un homme a été très grièvement blessé dans les Pyrénées-Atlantiques par un élément d'une toiture en tôle emporté par la tempête. Les intempéries ont aussi fait au moins 9 morts en Espagne (lire notre article).
Accompagnés de pluie, ces vents violents ont entraîné de nombreuses chutes d'arbres sur des lignes électriques de la région. Conséquence : 1,7 million de foyers au moins privés d'électricité. Ces pannes concernent les Landes, la Gironde, les Pyrénées-orientales, les Pyrénées-Atlantiques, la Dordogne, les Hautes-Pyrénées, le Gers, le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, la Haute-Garonne et l'Hérault. En outre, quelque 40.000 foyers du Sud-Ouest étaient privés de ligne fixe samedi en milieu d'après-midi, des centraux téléphoniques n'ayant plus d'alimentation électrique, et les communications mobiles étaient très perturbées, a indiqué France Télécom, selon qui il y a un "risque" qu'au total "350.000 foyers" soient privés de téléphone fixe en Aquitaine et Midi-Pyrénées. Les trafics ferroviaire, aérien et routier étaient en outre quasi interrompus (lire plus bas). Le massif forestier aquitain a été fortement touché.
Sarkozy sur place dimanche, des renforts
Compte tenu de la gravité de la situation, du jamais vu depuis les deux tempêtes de décembre 1999, qui avaient fait 88 morts et d'énormes dégâts avec des rafales allant jusqu'à 200 km/h, Nicolas Sarkozy a confirmé, comme nous vous l'annoncions dès 15h, qu'il se rendrait sur place dimanche. Ce sera en Gironde, a précisé l'Elysée, selon qui il sera accompagné de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, celui de l'Agriculture Michel Barnier, le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau et sa collègue de l'Ecologie Chantal Jouanno.
En attendant, le Premier ministre et la ministre de l'Intérieur se sont rendus samedi après-midi au centre opérationnel de crise d'Asnières. L'Etat a mobilisé "tous les moyens" avec "plus de 5.500 personnes au travail" face à la tempête et envisage maintenant de faire appel à l'armée pour aider à rétablir les communications, a annoncé François Fillon. "Bien sûr, les départements concernés seront déclarés en état de catastrophe naturelle", avait auparavant assuré la ministre de l'Intérieur, selon nos informations. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a pour sa part appelé les assureurs à "une mobilisation exemplaire" face à cette tempête. Et la France fera appel à la solidarité européenne pour faire face aux conséquences de la tempête, a déclaré à Reuters le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, parlant de la tempête "la plus grave depuis celle de 1999".
Michèle Alliot-Marie a aussi annoncé l'envoi de "715 personnels supplémentaires" afin de dégager les routes et les lignes électriques endommagées, outre les 300 hommes de la Sécurité civile déjà prépositionnés vendredi soir. Samedi matin, le plan Orsec -plan d'urgence et de secours- avait été déclenché dans les Landes. Il permet au département d'obtenir la mobilisation de moyens extra-départementaux supplémentaires.
Trafic très très perturbé
- Trains : Le trafic ferroviaire a été totalement interrompu dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et dans les départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. En Midi-Pyrénées, aucune circulation de trains n'était prévue avant dimanche. Le trafic ferroviaire, interrompu entre Paris et Bordeaux en raison de la tempête, a été "rétabli" et reprenait "progressivement" samedi en milieu de journée, mais des retards étaient à prévoir. A Bordeaux, le trafic des bus et de tramways a été totalement suspendu par mesure de sécurité. Plus de 1.000 agents de la SNCF étaient mobilisés samedi soir pour intervenir sur le réseau.
- Avions : Le trafic aérien interrompu depuis 6h30 à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac devait reprendre à 15h. L'aéroport de Toulouse-Blagnac a également rouvert en milieu d'après-midi, selon nos informations. Le trafic aérien de l'aéroport de Perpignan restait suspendu.
- Routes : Dans l'Aude, la préfecture a annoncé le rétablissement de la circulation routière pour les véhicules légers à 19h30. En revanche, la circulation était toujours interdite pour les poids lourds "pour l'instant". Sur le réseau autoroutier, les véhicules doivent sortir au péage de Narbonne, en raison du blocage de l'autoroute toujours en vigueur entre Narbonne et Perpignan. La circulation sur le pont d'Aquitaine qui enjambe la Garonne au nord de Bordeaux interdite, et la RN 113 Bordeaux-Toulouse était coupée à hauteur de Tonneins (Lot-et-Garonne) où la Garonne est sortie de son lit. Des routes étaient coupées par les arbres dans les Landes et le Gers, notamment. L'autoroute A63 a été bloquée dans le sud des Landes en direction de l'Espagne et dans les deux sens à hauteur de Mios (Gironde) en raison des chutes d'arbres. La circulation des camions de plus de 7,5 tonnes a été interdite sur l'ensemble des régions Poitou-Charentes, Aquitaine et Midi-Pyrénées. La plupart des stations de ski des Pyrénées étaient fermées.
Des milliers d'appels ont été enregistrés par les services de secours pour signaler des chutes d'arbres qui coupent totalement ou partiellement de nombreuses routes, des toitures arrachées, et des caves et sous-sols inondés.