Revente des cadeaux de Noël sur Internet, c’est parti
C’est bien connu, Emma raffole de Light Blue, un parfum de Dolce&Gabbana. Alors pour Noël, son mari, sa belle-mère et sa petite soeur ont cru bien faire, chacun de leur côté : la jeune femme a reçu hier le précieux flacon de 50 ml… en trois exemplaires ! « Le Père Noël s’est planté », sourit cette commerciale de 39 ans au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne).
« Alors, comme je ne me vois pas garder trois flacons d’avance, je vais en revendre deux sur Internet, et m’offrir d’autres cadeaux à la place.» Emma fait partie de ces milliers de Français qui, sans état d’âme, passent par pertes et profits les cadeaux de Noël ratés. Les doublons, les fautes de goût, les films déjà vus ou les livres déjà lus se retrouvent désormais massivement, dès le 25 décembre, sur les sites de vente de particuliers (eBay, Amazon…). Plus besoin de se déplacer pour échanger le cadeau (avec le ticket), plus de « nanars » qui s’entassent dans le placard…
«Ça continue de choquer »
« Le tabou tombe », confirme Pierre Kosciusko-Morizet, président du site Price Minister, le premier à avoir lancé la mode il y a six ans. « Ça continue de choquer un bon tiers des Français. Mais d’une année sur l’autre, les mises en vente de DVD encore emballés ou de vêtements jamais portés augmentent de 40 à 50 % dans la semaine qui suit Noël. Globalement, ça se fait plutôt dans une logique d’échange : les vendeurs réinvestissent dans d’autres objets. Mais beaucoup préfèrent encaisser de l’argent pour améliorer le quotidien. On voit bien apparaître une logique de crise ! »
Selon le baromètre du site, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à trouver l’idée ingénieuse, et les moins de 25 ans passent plus volontiers à l’acte. Une fois franchi le pas, 97 % sont prêts à recommencer. « L’an dernier, j’ai revendu en deux jours le DVD de la Môme », assume Agathe, étudiante parisienne de 22 ans. « Cette année, je vais revendre une robe que m’a offerte ma grand-mère hier. Elle ne me va pas du tout et elle est… rose ! Ce n’est peut-être pas très classe, mais finalement, je trouve plus sain de revendre quelque chose que l’on n’aime pas à quelqu’un qui saura en faire bon usage ! » Pour les récalcitrants, les superstitieux, les antimatérialistes, les sites tentent de rendre la formule un peu plus « politiquement correcte ». Les publicités fleurissent pour faire la promotion du troc (Digitroc.com) ou, plus étrange encore, de la location de cadeaux de Noël (Consoloc.com, Zilok.com). Price Minister, lui, offre la possibilité de revendre ces cadeaux ratés… pour la bonne cause. Votre DVD des « Ch’tis » en double fera deux heureux : un petit garçon de 9 ans, et la Croix-Rouge, qui encaissera à votre place le fruit de la vente.